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Minuit approchait à grands pas sur le camp Richard W. Bedford, et la plupart des campeurs commençaient à déserter gentiment mais sûrement l'extérieur du campement pour atteindre les chalets. Le feu de camp, élément phare de la journée, qui l'achevait jusqu'à une heure du matin maximum. C'était la deuxième journée de Gabriel sur le camp, et honnêtement, jusque là, il n'avait pas vraiment réussi à se faire des amis... Vive l'adolescence, où tout était parfaitement bien rangé, en particulier les gens. Geek, Prom Queen, Friendly, Loner, Jock... Gabriel avait même du mal à assimiler ces cliques et leurs caractéristiques. Pour lui, chacun avait sa personnalité propre, et il l'aimait ou pas. Fin de l'histoire. Toutefois, jusqu'à présent, il n'y avait que Logan avec lequel il s'était entendu, et qu'il avait parlé assez longtemps pour connaître son prénom, en fait. En effet, le camp Richard W. Bedford a aussi ses habitués. Beaucoup de campeurs adolescents sont là depuis deux ou trois années, et ils se connaissent déjà tous, sont plus ou moins amis. Et, bien entendu, comme au lycée, Gabriel se doit de faire ses preuves pour rentrer dans ces groupes et pouvoir se faire des amis lui aussi.

Quoi qu'il en soit, Gabriel était au feu de camp. Il n'était pas fan du feu. En fait, il en avait même peur. Dès qu'il fixait une flamme, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer ses parents rôtir emprisonnés dans leur chambre à coucher... Et cela donnait inévitablement des frissons au jeune Ersley. Ses parents étaient morts quand il avait 5 ans, il avait passé par un orphelinat, et ensuite, les Ersley l'avaient adopté. Mais il n'oubliait jamais son enfance avec ses parents biologiques. Même si à présent, seul l'incendie était net dans son esprit. Il avait un mal fou à se souvenir de ses parents, il ne se rappelait à peine du son de leur voix, de leurs mimiques, de leur apparence. Et ça le désolait. Si seulement il avait eu au moins une photo, un souvenir. Mais non, rien, que des souvenirs périssables, apparemment. L'incendie n'avait rien laissé au garçonnet de la part de ses parents, et il avait été transféré si rapidement à l'orphelinat que c'était presque comme s'il était décédé lui aussi dans l'incendie pour le voisinage.

Gabriel émit un long soupir qui lui valu un regard réprobateur de la part d'un moniteur. "Si tu t'ennuies, va te coucher", il entendait la voix aiguë et insupportable du responsable avant même qu'il puisse ouvrir la bouche. Gab jeta un coup d'oeil aux guimauves qui rôtissaient sur des branches de bois tenus par les campeurs. Il se focalisa sur une guimauve, presque comme s'il voulait revenir dans le passé et empêché la hantise que lui provoquait le feu. La guimauve qui commença à chauffer, prendre une teinte rousse, puis, noire, avec des sortes de pustules, et BAM ! Une flamme naquit sur la pauvre guimauve, qui donna à Gabriel des yeux carrés.